Bâtie sur un village troglodyte avec carrière, église, écuries et chais souterrains, la Chatonnière est d'abord une place forte, cantonnée par quatre tours aux points cardinaux, qui se situe sur la route romaine empruntée, au Moyen Age, par Jeanne d'Arc. Après les guerres de Cent ans et de Religions, l’austère maison forte devient un manoir charmant, une "maison des champs", grâce à quatre femmes qui, éprises du vallon de la Chatonnière, ont laissé leurs marques sur le château et ses abords ...
Il y a d’abord Madame Vacher de La Chaise. Issue d’une très ancienne famille dont l’un des membres illustres, parti aux Croisades, fut Gouverneur de Jérusalem en 1120, son grand-père acquit le fief de la Chatonnière, et son le père, gentilhomme de la Chambre du roi en 1597, et chevalier de l’Ordre de St Michel en 1603, construisit le château Renaissance.Il y a aussi, au XVIIè siècle, Elisabeth Nau, dame de la Chatonnière qui, en
1698, donna une cloche à un village des bords de Loire qui évoque encore son nom : la Chapelle aux Naux. Il y a de plus, sa sœur et héritière, Françoise, veuve Le Doux de Melville, qui offrit la lumière au château, perçant des portes et des fenêtres encadrés de bosselages pour ouvrir son fief vers l’Indre et la Loire.
Il y a également, après les Champmorin, seigneurs de la Chatonnière (de 1743 à 1836) qui sous le Premier Empire perdirent sur le champ d’honneur leurs quatre héritiers mâles, et surtout, après les bourgeois parisiens qui se succédèrent sous le Second Empire, Désirée Duflot épouse d’Alfred Deschamps, propriétaire de la Chatonnière entre 1890 et 1906. Cette femme énergique, amoureuse de son domaine, réunit au logis principal les communs qui en furent séparés pendant plus d'un siècle. Elle inversa la façade principale du château qui, de la cour intérieure passa sur la perspective méridionale. Ayant arraché la vigne, elle aménagea une terrasse pour admirer le creux du vallon orné dorénavant, de parterres fleuris encadrés de futaies.
Après les Dargouge qui donnent une nouvelle vie au château que peint le Baron Reille en 1933, Manuel Gonzalez de Andia, duc de Dino, achète le château en 1957 et le confie
en 1986 à sa fille. Béatrice de Andia arrache les vergers et métamorphose les abords. Tout en reprenant les toitures et exécutant le ravalement des façades, elle supprime les ajouts XIXè siècle, dont la terrasse de Mme Deschamps, redonnant à la façade sud son visage XVIIe siècle. De plus, avec son jardinier Ahmed Azéroual, elle crée treize jardins étagés sur la conque qui enrobe le château, transformant les lieux en un paradis de fleurs, un océan de fleurs dont les couleurs et les senteurs varient au rythme des saisons.